La naissance du feu
Avant d’être couleur, cette œuvre est un souffle. Avant d’être forme, elle est mémoire. Avant d’être tableau, elle est naissance.
Elle commence à nu, comme un corps.
Le bois l’accueille, comme une colonne vertébrale.
Puis viennent les premiers gestes, presque chirurgicaux : des fragments de mousse, des anneaux, des lignes comme veines.
L’anatomie de l’âme est posée.
Ensuite, la chair prend forme — à coups de mastic vif, nerveux, pulsé.
Les strates s’accumulent, les creux se creusent, les masses s’élèvent. Tout vibre comme une peau qui se souvient.
Puis vient le souffle : la couleur.
En haut, le sacré. Un vagin rouge, une matrice, une éclosion par amour. L’œuf d’or — lumière originelle — repose comme une promesse.
Puis l’enfance éclate, en quatre visages intérieurs :
Rouge : un être nerveux, gâté, en feu. L’amour excessif devient tempête. Violet : la douceur sensible, la vie en rose, l’espoir en fleur.
Gris : le néant. Une perte de repères, une âme flottante, dissoute.
Bleu & Noir : le gouffre. L’enfer intérieur. Une chute lente, sans cri, sans fin.
Autour, les cercles de bois deviennent cellules, empreintes, souvenirs figés dans le vivant.
Le chiffon s’y dépose comme cicatrice.
La pierre pèse comme vérité.
Tout ici est signifiant. Chaque matière, chaque couleur, chaque forme est un fragment d’existence.
Ce n’est pas une œuvre figurative.
C’est une œuvre incarnée.
Une genèse intime, où la matière devient biographie, où l’abstraction devient corps, où l’art devient acte de survie.
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Médium : Sculpture picturale sur bois – techniques mixtes
Gravure, peinture acrylique, mastic, ajout de pierres, tissus et éléments de récupération (mousse, anneaux bois, chiffon).
Texture :
Combinaison contrastée entre des zones lisses et des reliefs denses, obtenus par superpositions de mastic modelé à la main. La matière est volontairement travaillée à vif, avec un effet organique, presque charnel. Les creux et aspérités donnent à l’ensemble une profondeur tactile intense.
Couleurs :
Palette vive, contrastée, expressive. Tons chauds incandescents (rouges, ors, fuchsias) confrontés à des bleus froids, noirs profonds et verts saturés. L’ensemble évoque le feu intérieur, la pulsion de vie et la fragmentation émotionnelle.
Composition :
Forme ovoïde évoquant un corps ou une flamme. Organisation verticale symbolique : naissance, fragmentation, chute. Quatre zones distinctes représentant des états d’être. Utilisation de cercles comme empreintes, cellules ou noyaux émotionnels. Le regard suit une ligne fluide mais tourmentée, dans un cheminement introspectif.
Finition :
Travail minutieux de peinture en couches épaisses, avec accentuation des volumes. Chaque zone est ciselée, brossée, patinée, révélant la force et la vulnérabilité de la matière. L’ensemble se lit comme une carte intérieure, un corps en feu.