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Entre chaos maîtrisé et création guidée : pourquoi j’intègre l’art abstrait émotionnel à ma pratique de stratégie d’entreprise

Une extension naturelle, pas une reconversion

Je n'ai pas changé de voie. Je n'ai pas abandonné la stratégie, la transformation ou l'architecture d'entreprise. J'intègre aujourd'hui à cette posture un autre langage, un autre regard, une autre manière d'écouter la complexité du monde : l'art abstrait émotionnel.


Ce n’est pas un virage soudain, mais un approfondissement. L’art a toujours été là, en moi, parfois discret, souvent en soutien, et aujourd’hui il prend une place plus centrale. À mesure que mon expérience en entreprise s’enrichit, ma pratique artistique s’intensifie, s’affirme et s’entrelace avec mes réflexions stratégiques. C’est un dialogue, pas une substitution.


Dans ma pratique de stratégie d'entreprise, j'ai appris à lire les organisations, leurs tensions, leurs non-dits, leurs structures visibles et invisibles. Aujourd'hui, je leur donne également forme, matière, couleurs, creux, vides. Je grave sur bois ce que les mots peinent parfois à transmettre. Mais je continue à accompagner les transformations, à construire des visions, à aligner les systèmes d'information avec les ambitions des directions générales.

J'avance avec un pied dans chaque monde.


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Diriger, c'est aussi composer


Stratégie et art ne sont pas opposés. Ce sont deux formes de composition.


Composer une feuille de route, c'est équilibrer contraintes, aspirations, ressources, temporalités. Composer une toile, c'est équilibrer masses, formes, tensions, silences. Dans les deux cas, il s'agit de donner une forme lisible à un chaos initial.


Je vois trop souvent des dirigeants chercher la clarté sans accepter la traversée du trouble. Or le trouble est inévitable. Il est la matière même du changement. Il est ce que je creuse dans mes tableaux, ce que je laisse s'étaler, puis se structurer. Dans mon approche du conseil comme dans mon travail artistique, je cherche ce point d’équilibre entre le chaos maîtrisé et la création guidée.


Chaos, vide et structure : analogies entre l’entreprise et la toile


Sur le chemin qui m’a mené de l’entreprise à l’atelier, trois notions clés ont émergé comme des ponts entre ces univers : le chaos, le vide et la structure (ou la forme).


Dans nos organisations contemporaines, nous naviguons en permanence entre chaos et ordre. Marchés imprévisibles, innovations disruptives, réorganisations successives – tout dirigeant connaît l’impression de chaos ambiant. Notre réflexe est souvent de vouloir le maîtriser à tout prix. De mon expérience, j’ai appris qu’il faut au contraire embrasser un certain chaos maîtrisé. C’est dans l’effervescence du désordre initial que naissent les idées neuves. En peinture abstraite, il en va de même : une œuvre commence souvent par des coups de pinceau spontanés, des taches de couleur jetées sans ordre apparent. Ce « désordre créatif » est ensuite guidé vers une forme harmonieuse. J’ai découvert que laisser une part d’aléatoire, d’imprévu, tant dans un projet stratégique que sur une toile, permet d’atteindre une richesse qu’une planification rigide aurait étouffée. Après tout, « le chaos porte en lui une promesse de renaissance », dit-on. J’en suis témoin : chaque crise dans l’entreprise m’a finalement offert l’occasion de réinventer la stratégie, tout comme chaque geste incontrôlé sur la toile peut devenir le point de départ d’un nouvel équilibre visuel.


Le vide, quant à lui, est une composante que l’art m’a appris à revaloriser. En entreprise, le vide peut prendre la forme d’un temps de pause, d’un espace de réflexion sans réunion ni indicateurs, d’un silence dans le flot des communications. Pendant longtemps, je percevais ces vides comme des manques à combler. Désormais, je comprends qu’ils sont essentiels. Comme en art, le vide structure l’œuvre : c’est le blanc de la toile qui fait ressortir les couleurs, c’est le silence entre les notes qui fait la musique. Dans un plan de transformation, ménager du vide signifie laisser de la place à l’inconnu, à l’émergence. Une organisation trop remplie de procédures et de KPI ne laisse aucune place à l’improvisation ou à l’initiative – pas d’espace où pourrait surgir l’étincelle innovante. De même, j’ai appris qu’en management, ce sont les marges de manœuvre et les respirations laissées aux équipes qui permettent aux idées nouvelles d’éclore et aux individus de s’approprier le changement.


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Enfin, il y a la structure. Architecte d’entreprise un jour, architecte toujours ! J’aime la notion de structure, qu’il s’agisse de l’architecture modulaire d’un SI ou de la composition d’une peinture. L’erreur serait de croire que valoriser l’art et le chaos créatif mène à refuser toute structure. Au contraire, j’ai acquis la conviction que le duo chaos-structure est inséparable pour parvenir à une création durable. En peinture abstraite, une composition réussie peut sembler libre, mais elle repose souvent sur une ossature invisible : un jeu de lignes de force, un équilibre des masses, un contraste pensé pour guider le regard. De même, dans une transformation d’entreprise, il faut une vision directrice, des principes structurants clairs – ce cadre assure la cohérence de l’ensemble, sans pour autant brider l’expression individuelle. J’appelle cela une création guidée : on oriente, on canalise, mais on n’impose pas chaque détail. C’est entre les deux, entre le jaillissement chaotique des idées et la solidité d’une structure porteuse, que se situe le véritable espace créatif. C’est là que j’aime évoluer désormais, que ce soit devant une toile ou à la tête d’une équipe projet.


La sensibilité au cœur de la transformation durable


Art et sensibilité ne sont pas des luxes pour esthètes éloignés des « choses sérieuses » de l’entreprise. Au contraire, ils sont selon moi devenus indispensables pour appréhender la complexité de nos organisations et conduire des transformations durables. Dans mes années de conseil, j’ai vu trop de plans stratégiques échouer faute de sens, faute d’âme. On dressait des organigrammes parfaits, on rationalisait des processus… et on oubliait l’essentiel : la vibration humaine, l’adhésion sincère des équipes, l’émotion collective qui seule peut porter le changement sur la durée.


L’art m’a réappris l’importance de cette dimension sensible. Une œuvre abstraite ne “fonctionne” que si elle touche celui qui la regarde, si elle suscite une émotion, une réflexion, un questionnement. De même, une stratégie d’entreprise n’a de valeur que si elle résonne avec l’aspiration des femmes et des hommes qui la mettront en œuvre. Introduire de la sensibilité dans le leadership, ce n’est pas faire preuve de faiblesse, c’est au contraire faire preuve d’intelligence. Cela signifie être à l’écoute des signaux faibles, comprendre les peurs, les espoirs, les motivations profondes qui animent vos collaborateurs. En un mot, remettre l’humain et la créativité au centre.


J’ai la conviction qu’un dirigeant qui s’ouvre à l’art, que ce soit en pratiquant une activité artistique ou en insufflant des approches créatives dans son entreprise, saura tisser un lien plus fort avec ses équipes. Il saura raconter une vision qui fait sens, imaginer des solutions hors des sentiers battus, et fédérer autour d’une transformation non pas subie mais vécue comme une œuvre collective. Les transformations véritablement durables sont celles qui transforment aussi les cœurs et les esprits – et l’art est un formidable catalyseur pour cela, car il parle directement aux émotions, contourne les résistances et invite chacun à participer de façon authentique.


Pour un leadership artiste


L'art abstrait émotionnel est devenu une composante essentielle de ma vie et de ma manière de travailler. Pas pour me couper du monde professionnel, mais pour y être plus présent, plus entier, plus juste. Ce parcours entre deux mondes m’a appris qu’un leader peut gagner à penser et agir comme un artiste : en équilibrant raison et intuition, en maîtrisant le chaos tout en guidant la création, en osant la sensibilité autant que l’analyse. Chaque toile que je peins éclaire d’un jour nouveau ma compréhension des organisations, et où chaque défi organisationnel alimente en retour mon inspiration artistique.


À mes collègues dirigeants qui s’interrogent sur les clés des transformations réussies, j’ose proposer d’explorer cette voie : laissez entrer l’art et l’émotion dans votre champ de vision. Apprenez à observer votre entreprise comme vous contempleriez une peinture abstraite – avec curiosité, ouverture et sensibilité. Acceptez que l’incertain et le vide font partie du tableau et qu’ils peuvent devenir vos alliés. Souvenez-vous que vous êtes les artisans d’une œuvre vivante : votre organisation.


Entre chaos maîtrisé et création guidée, j’ai trouvé un nouvel équilibre et redonné du sens à mon action. C’est ce même équilibre créatif que je souhaite à chaque leader en quête de transformations durables. Car au fond, diriger et créer ne sont que deux facettes d’une même aventure humaine – une aventure où l’artiste-stratège qui sommeille en nous peut révéler toute sa puissance.


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